Elle a eu peur comme une femme, elle a fui comme un fantôme… Je l’ai touchée comme un être humain, elle s’est dissipée comme une illusion. — Vive Dieu ! je ne sais que croire.
Moi si.
Et que crois-tu ?
Que c’est une femme diable. Et il n’y a rien là d’étonnant ; car si la femme est un démon toute l’année, il peut bien se faire qu’une fois par hasard le démon soit une femme.
JOURNÉE TROISIÈME.
Scène I.
Attendez-moi dans cette salle. Ma maîtresse viendra bientôt vous y trouver.
La plaisanterie n’est pas mauvaise. — A-t-elle fermé ?… Oui. Y a-t-il une peine égale à la mienne ? Je revenais de l’Escurial, et ma beauté mystérieuse, cette fée céleste, m’écrit une lettre où elle me dit fort tendrement : « Si vous avez le courage de me venir voir, il faut que vous sortiez cette nuit, accompagné de votre valet. Deux hommes vous attendront dans le cimetière de Saint-Sébastien… (le lieu n’est-il pas bien choisi ?) Ils auront avec eux une chaise à porteurs, etc., etc. » Et en effet. Je monte dans la chaise ; on va à droite, à gauche, en tous sens, jusqu’à ce que j’aie cessé de me reconnaître, et à la fin, je mets pied à terre près d’un portail sombre et noir, et d’un sinistre aspect. — Là, vient à moi une femme, — du moins si j’en juge par la voix et l’apparence, — laquelle me conduit soigneusement à travers l’obscurité, sans me dire un mot… Mais j’entrevois de la lumière par la fente d’une porte… Ô amour, te voilà arrivé au comble de tes vœux !… Je puis voir la dame inconnue. (Il regarde par le trou de la serrure.) Le riche mobilier ! les brillantes femmes ! que cette salle est décorée avec goût ! Que ces dames sont galamment parées !