qu’en leur inspirant la même envie de me plaire, l’un m’enchante, et l’autre me fatigue ? — Sortons, je ne veux pas que don Louis me parle.
Pourquoi vous éloigner ainsi ?
Faut-il vous le dire ? Peut-être un peu à cause de vous.
Eh quoi ! une lumière plus belle et plus brillante que celle du soleil se retire parce que j’arrive ? Suis-je donc, par hasard, la nuit ? Pardonnez-moi, de grâce, si je vous retiens en quelque sorte par force ; c’est une preuve de mon respect et de ma soumission ; je ne veux pas solliciter une faveur, puisque vous ne voulez pas m’en accorder… Mon fol amour, je le sais, n’obtiendra jamais de vous la moindre espérance ; mais de la part d’un homme qui n’éprouve que rigueur, vous aimer c’est se venger. Ma gloire me semble proportionnée à ma peine, et à mesure que vous me détesterez davantage, moi davantage je vous aimerai. Si vous n’êtes point satisfaite, apprenez de moi à aimer, ou enseignez-moi à haïr. Enseignez-moi la rigueur, je vous apprendrai le dévouement ; enseignez-moi la dureté, moi je vous apprendrai la tendresse ; enseignez-moi le mépris et le dédain, moi je vous apprendrai l’amour et la constance. Quoiqu’il vaille mieux peut-être, — à la gloire du dieu d’amour, — que j’aime pour deux comme vous, vous haïssez.
Vous vous plaignez de la façon la plus galante ; mais, je ne sais pourquoi, je suis complètement insensible à vos peines.
Vous me traitez si mal, qu’à la fin j’apprendrai de vous un autre langage.
Celui de l’indifférence me conviendrait beaucoup mieux.
Encore un mot, de grâce ?
Je ne puis vous entendre. (À doña Angela.) — Au nom du ciel, ma chère, retenez-le.
Quoi ! mon frère, vous n’avez pas plus de fierté que vous puissiez ouïr de tels discours ?
Eh ! ma sœur, que voulez-vous que je fasse ?