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L’ESPRIT FOLLET.

isabelle.

Militaire et solliciteur[1], il ne doit pas être fort monté en objets de prix.

Elles tirent de la valise tous les objets qu’elles annoncent et les répandent dans la salle.
angela.

Qu’est ceci ?

isabelle.

Des papiers.

angela.

Sont-ce des lettres ?

isabelle.

Non, madame… c’est une grosse liasse qui pèse horriblement.

angela.

Ce serait pis encore si c’étaient des lettres de femme. — Ne t’arrête pas à cela.

isabelle.

Voici un linge blanc.

angela.

A-t-il bonne odeur ?

isabelle.

Oui, comme du linge qui revient de la lessive.

angela.

C’est le parfum le plus distingué.

isabelle.

Il a les trois qualités essentielles : blanc, doux et fin. — Mais qu’est-ce que je trouve là, madame ? Un sac de peau contenant toute sorte d’instruments en fer !

angela.

Voyons. On dirait la trousse d’un dentiste. Mais non, ce sont de petites pinces… Ceci c’est pour redresser les cheveux du haut du front… et ceci pour faire tenir droites les moustaches.

isabelle.

Voici encore une brosse et un peigne… Ce n’est pas tout, et notre hôte est un homme à précautions. Il ne perdra pas la forme de ses souliers.

angela.

Comment cela ?

isabelle.

C’est qu’il l’a dans sa valide.

angela.

Est ce tout ?

  1. Au dix-septième siècle,Soldado y pretendiente etc., etc.

    Au dix-septième siècle, en Espagne, la capitale (la corte) était remplie de solliciteurs (pretendientes) qui venaient là chercher quelque emploi.