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LE SECRET À HAUTE VOIX.

baise la main de Laura. Mon bonheur est désormais assuré. Je viens de recevoir à l’instant, sous ce pli, la dispense que mon amour attendait depuis tant de siècles.

la duchesse, à part.

Il arrive bien à propos !

laura, à part.

Quelle douleur !


Entrent ARNESTO et FRÉDÉRIC.
arnesto.

Voici Frédéric.

frédéric.

Qu’ordonne votre altesse ?

la duchesse.

Que vous donniez la main à Laura ; car je vaux mieux que vous n’avez pensé, et il faut que le monde le sache.

frédéric et laura.

Que dites-vous ?

la duchesse.

Que je suis celle que je suis.

arnesto.

Mais ne voyez-vous pas, madame, que vous m’offensez ?

lisardo.

Et que vous me faites injure ?

la duchesse.

Il le faut, croyez-moi tous deux.

arnesto.

Eh bien, ces paroles me sont un nouveau motif pour refuser mon consentement. On pourrait imaginer que des raisons secrètes ont nécessité ce mariage.

frédéric.

Que ces raisons soient secrètes ou avouées, vous n’avez pas à rougir de moi.

arnesto.

Non, certes ; mais je refuse mon consentement.

frédéric.

Cependant, vous m’aviez promis de me donner Laura.

arnesto.

Moi ! à vous ?

frédéric.

Oui.

arnesto.

Où cela ?

frédéric.

Dans ma maison même, cette nuit, lorsque vous m’avez dit que vous vous emploieriez à me faire donner la main par la personne qui m’attendait. C’était Laura, et cela doit vous suffire.