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LOUIS PEREZ DE GALICE.

rent, qu’ils lui donnent asile, à la bonne heure !… Mais pourquoi lui prêtez main forte contre la justice ? Pourquoi surtout don Manuel va-t-il avec lui sur le grand chemin appuyer de sa présence les demandes un peu indiscrètes qu’il adresse aux voyageurs ?

La pièce, à proprement parler, n’a point de dénouement. On entrevoit pourtant, à la dernière scène, que tous les personnages vont se retirer en Portugal chez Léonor, et que celle-ci finira (comme l’annonce le gracioso) par épouser don Alonzo, bien qu’il ait tué son frère en duel. De quoi si vous blâmez Léonor, elle se justifiera en alléguant l’exemple de Chimène.

Cette comédie n’a point de but moral, mais du moins, chose à noter, elle ne renferme ni maximes subversives, ni dangereux paradoxes ; et si vous la comparez aux pièces que l’on a composées dans ces temps-ci sur des sujets analogues, aux Brigands de Schiller par exemple, elle vous paraîtra sûrement ce qu’il y a de plus moral, de plus social, et tout à la fois de plus gai, de plus amusant et de plus aimable.