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JOURNÉE II, SCÈNE II.

arnesto.

Eh quoi ! vous parliez ainsi…

la duchesse.

Vous vous querelliez de la sorte…

arnesto.

À votre cousin ?

la duchesse.

Avec votre futur époux ?

arnesto.

Qu’y a-t-il donc de nouveau ?

la duchesse.

Que s’est-il passé entre vous ?

lisardo.

Il n’y a rien, que je sache.

laura.

Au contraire, j’ai beaucoup à me plaindre. (À la Duchesse.) Ne m’avez-vous pas laissée ici, madame, il n’y a qu’un moment, avec une lettre de Célia ?

la duchesse.

Il est vrai.

laura.

Eh bien, cela posé, j’en appelle à vous, madame, de l’insolence d’un homme qui m’a témoigné les soupçons les plus odieux. (Elle agite son mouchoir.) Et afin que vous sachiez tout, veuillez me prêter attention, vous, madame, et vous aussi, mon père, ainsi que toutes les personnes ici présentes ; car il m’importe que tout le monde connaisse le secret qu’enferme mon cœur.

frédéric, bas.

Qu’est-il donc arrivé, Fabio ?

fabio, de même.

Je ne sais. (À part) C’est peut-être le résultat de ce que j’ai dit à la duchesse, et c’est peut-être aussi le résultat d’autre chose.

frédéric, à part.

Elle a fait le signal, soyons attentif et ne perdons pas un seul mot.

arnesto.

Eh bien ! Laura, qu’attends-tu ?

la duchesse.

Dites-nous donc ce que vous vouliez nous dire.

laura.

Madame la duchesse sait déjà, — elle dont l’esprit et la pénétration égalent la beauté, — à quel point je lui suis dévouée[1].

  1. Dans l’espagnol, c’est le premier mot de chaque vers qui s’adresse à Frédéric ; il réunit ensuite tous ces premiers mots et en forme une phrase qui est pour lui seul. Nous avons de notre mieux reproduit cet effet.