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JOURNÉE I, SCÈNE IV.

les musiciens, chantant.

C’est vous, vous, vous, madame, qui me vengerez de vous[1].

lisardo.

C’est vous seule, madame, qui pouvez alléger mon ennui ; et l’on dirait que ce quadrille est venu à mon intention, car lorsque je vous parle de mes sentimens, il vous dit en mon nom : « C’est vous, vous, vous, madame, qui me vengerez de vous. »

Pendant que Lisardo redit ce refrain, les musiciens le répètent en chantant.
doña serafina.

Songez-y, vouloir obstinément me suivre et me reconnaître, c’est m’enlever toutes les garanties du masque ; et ainsi ne me forcez pas, je vous prie, à demander aide et secours comme une personne offensée ; car tous ceux qui vont là déguisés s’empresseraient, dans un intérêt commun, de prendre ma défense.


Entrent LIBIO et d’autres hommes.
lisardo, bas, à Libio.

Est-ce toi, Libio ?

libio, de même.

C’est moi.

lisardo.

Je serais curieux de savoir, madame, comment vous feriez pour vous délivrer de moi ?

doña serafina.

Le voici. — Holà ! masques, empêchez cet homme de me suivre.

lisardo.

Holà ! masques, emportez-moi d’ici cette femme.

Libio et ses compagnons se saisissent de doña Serafina.
doña serafina.

Ah ! mon Dieu !… Au secours ! Trahison !

libio.

Ne criez pas.

lisardo.

Emportez-la où j’ai dit.

flora.

Est-ce qu’il n’y aura pas quelque désespéré qui m’enlèvera en même temps ?

doña serafina.

Avant que vous puissiez m’emporter d’ici…

lisardo.

Venez avec moi.

doña serafina.

Vous m’aurez déchirée en lambeaux.

  1. Vos, vos, vos, señora, vos,
    Vos me vengareis de vos.

    Ces vers sont imités d’une vieille romance espagnole.