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JOURNÉE I, SCÈNE II.


Entre AURELIO.
aurelio.

Violante ?

doña violante.

Qu’avez-vous, mon père ? vous revenez bien promptement et vous paraissez tout préoccupé.

aurelio.

Ce n’est rien. Au moment où je sortais, un exprès m’a remis une lettre, et comme il est urgent que j’y réponde… Mais qui donc a pénétré jusqu’ici ?


Entre TRISTAN.
tristan, à part.

Puisque le vieux n’est pas dans la maison, il faut que j’aille jusqu’au fond de l’appartement pour chercher Nice, à qui je dois rendre le message.

aurelio.

Qui cherchez-vous ici, cavalier ?

tristan, à part.

Peste soit de la rencontre ! (Haut.) Vous, seigneur.

aurelio.

Moi ?

tristan.

Vous-même.

aurelio.

Ne pouviez-vous pas frapper à la porte ?

tristan.

C’est que, voyez-vous, j’ai craint de faire du bruit[1].

aurelio.

Enfin que me voulez-vous ?

tristan.

Je désirais vous remettre ce papier.

aurelio.

De qui est-ce ?

tristan.

C’est à vous, puisque c’est pour vous que je l’apporta.

aurelio.

Vous m’avez l’air bel-esprit ?

tristan.

Je suis à demi bachelier[2].

  1. ..... Tengo,
    Segun soy de mal cristiano,
    Muy tibios los llamamientos.

    Jeu de mots intraduisible, qui porte sur le double sens du mot llamamiento, qui signifie 1o  l’action de frapper à une porte, 2o  un mouvement intérieur de la grâce. Mot à mot : « Comme je ne suis pas de bonne race chrétienne, je frappe faiblement, ou je n’ai que de faibles inspirations de la grâce. »

  2. Encore ici un jeu de mots intraduisible, il porte sur le double sens du mot bachiller,