Ayant entendu du bruit, et comme un cliquetis d’épées, je me suis hâté d’accourir, et je venais… mais non, ils ont abaissé leurs armes. Écoutons d’ici ce qu’ils disent. Il vaut mieux pour son honneur sans doute que cela s’arrangea l’amiable.
Voilà tous mes torts envers vous ; voilà tout mon crime. Décidez le parti qui convient le mieux à votre honneur.
Don Diègue, vos explications sont d’accord avec diverses choses que j’ai apprises de Léonor.
Qu’ai-je entendu ?… Il a nommé don Diègue et Léonor.
Je n’ai qu’une question à vous faire… Est-ce la première fois que vous entrez ici la nuit pour lui parler ?
Voilà une question insidieuse ; mais enfin je dois toujours sauver Béatrix. (Haut.) Non, don Juan. La nuit dernière, déjà, j’étais venu, et je suis sorti par ce balcon. En avouant ma faute, je jugeais inutile de rapporter ces circonstances.
Cependant elles avaient beaucoup d’importance pour moi.
C’était donc contre moi, hélas ! que devaient se vérifier les soupçons de don Juan !
À présent qu’il est persuadé, à mon tour. (Haut.) Eh quoi ! don Juan, vous aviez une telle méfiance de votre sœur ?… et voilà la suivante que vous m’avez donnée de la main de votre dame ! (Bas, à Léonor.) Pardonnez, mon amie, et continuez.
Que voulez-vous ?… Je ne vous comprends pas.
Il n’est pas question de cela, Béatrix. Don Diègue, il est vrai, à certains égards me satisfait ; mais il suffit que Léonor ait été placée chez moi par la personne qui nous l’a envoyée pour que je sois tenu aux obligations que mon nom m’impose. Ainsi, bien que ce cavalier soit venu pour elle et non pour vous, je n’en dois pas moins châtier son audace.
Non, non ! c’est moi seul qui ai droit de me plaindre ; c’est à moi seul de me venger !