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LE PIRE N’EST PAS TOUJOURS CERTAIN.

don juan.

De demeurer tranquille à l’hôtellerie ; à quoi il n’y a point de danger, puisqu’il n’est pas connu du seigneur don Pedro. Je lui ai recommandé d’observer avec soin toutes ses démarches, et de nous tenir au courant de tout.

don carlos.

Peut-être la précaution est-elle superflue ; car le père ne parlera de ses projets à personne.

don juan.

Je ne suis pas de votre avis. — Mais quel est ce bruit ?

don carlos.

Ah ! don Juan, c’est la plus terrible aventure qui pût nous arriver. Celui qui monte l’escalier, c’est don Pèdre, le père de Léonor.

don juan.

Que dites-vous là ?

don carlos.

À travers la serrure je l’ai parfaitement reconnu.

don juan.

Le père de Léonor ?

don carlos.

Lui-même.

don juan.

Eh bien, retirez-vous au plus tôt dans ce cabinet. Je le recevrai, et je pénétrerai ses intentions.

don carlos.

Je ne saurais y consentir. Lorsque le père de Léonor vient dans une maison où sa fille et moi nous nous trouvons cachés, je ne puis ni ne dois vous laisser seul avec lui.

don juan.

Rien ne vous empêchera de venir, au besoin. N’allons pas au-devant du malheur ; il arrive toujours assez tôt. — Voyons d’abord ce qu’il nous dira. Allons, cachez-vous.

don carlos.

J’y consens, mais de là j’observe tout.

Don Carlos se cache, don Juan ouvre la porte.


DON PÈDRE entre en habit de voyage.
don juan.

Que demandez-vous, cavalier ?

don pèdre.

Je vous supplie de me dire si don Juan de Roca est chez lui ?

don juan.

C’est moi qui suis don Juan. Que puis-je pour vous ?

don pèdre.

Permettez que je vous embrasse. C’est dans votre maison que mes infortunes trouveront un port assuré ; je vous confierai toutes mes