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JOURNÉE I, SCÈNE IV.

léonor.

C’est plus encore que je ne mérite, puisque, pour mon malheur, vous ne croyez plus à mes protestations, à mes sermens.

don carlos.

Eh ! qui jamais a cru de vains discours plutôt que le témoignage de ses yeux ?

léonor.

Plus d’un l’a fait.

don carlos.

Et il a eu tort.

léonor.

Prenez garde, don Carlos ; contenez-vous, afin qu’on ne soupçonne rien.

don carlos, à part.

Hélas ! qu’il est difficile de se contenir en voyant Léonor sous le costume d’Isabelle !

Ils sortent.


INÈS rentre, et puis DON DIÈGUE et GINÈS se montrent derrière la tapisserie.
ginès.

Pouvons-nous sortir, Inès ?

inès.

Non, vous les trouveriez sur votre passage.

ginès.

Comment donc faire ?

inès.

Attendez que notre hôte soit parti.

ginès.

De quel hôte parles-tu ?

inès.

Un cousin de notre maison. Je reviendrai vous faire sortir. Et si, par hasard, mon maître fermait la porte, vous, dès qu’il sera endormi, vous descendrez par ce balcon.

ginès.

Par où, — je te prie ?

inès.

Par ce balcon. Il n’y a qu’à sauter.

ginès.

Je ne saute jamais, même au bal. Et ainsi arrange-toi de manière que je puisse m’en aller sans faire de saut.

don diègue.

Dispose cela pour le mieux, Inès.

ginès.

Vous, monseigneur, qui êtes accoutumé à vous voir casser la tête, ça vous serait égal de vous casser la jambe.

inès.

Enfermez-vous bien, et taisez-vous.