Venez, seigneur, prendre du repos.
Autre niais ! (Haut.) Oui, allons prendre du repos… et tout ce que vous voudrez.
Votre altesse a devant elle Roberto.
Ne seriez-vous pas Robert le Diable ?… Mais comme ils sont tous d’accord là-dessus, et que tous le disent, il faut bien cependant qu’il y ait quelque chose de vrai. Il est évident qu’ils sont tous ivres ou que c’est moi qui le suis. Enfin, au bout du compte, ça n’est pas mauvais pour moi, et je ne serais pas si à plaindre si j’épousais la Cécile du maître berger[1]. Arrive ensuite que pourra !
Scène II.
Je ne m’en consolerai jamais. Laisse-moi pleurer, Belardo.
Quoi ! il n’y a pas moyen de vous consoler ?
Non, pas moyen.
Vous voulez donc mourir ?
Oui. — Il me dit : Ma chère Antona, quand tu reviendras dans la forêt, tu me retrouveras à la même place et plus amoureux que jamais. Je reviens, et je ne le retrouve plus !
Pour moi, m’est avis que quelque bête sauvage l’aura dévoré.
Oui, il aura été mangé par quelque loup.
Hélas ! il n’y a pas à en douter… mon pauvre Benito était si appétissant ! Mais dire qu’il a été la proie d’une bête !… n’est-ce pas bien triste[2] ?
- ↑ Ici, au lieu de dire Federico de Sicilia, Benito dit frayle rico de Cecina, ce qui signifie, moine riche de Salaison.
- ↑ Il y a dans ce passage une plaisanterie qu’il nous a été impossible ce reproduire. Les villageois disent qu’une bête féroce (una fiera) a mangé Benito. Antona au lieu du mot fiera entend le mot fea, qui signifie laide.