Hélas ! ô ciel, aie pitié de moi ! ô mort, hâte-toi de finir mes tourmens ! Je ne puis… je ne puis déguiser une telle douleur ; mes soupirs s’élancent malgré moi de mon cœur ; malgré moi, mes larmes s’échappent de mes yeux… Grand Dieu, protège-moi !
Qu’est-ce donc ? qu’avez-vous, ma fille ?
Je me sens tout à la fois comme brûlée et glacée ; je sens une douleur qui me déchire et m’accable. Ô ciel ! aie pitié de moi ! Ô mort ! hâte-toi de finir mes tourmens !
Séraphine, puisque la princesse vous a fait ses confidences, que pensez-vous d’un désespoir si étrange ?
Quoique je trahisse un secret confié, je parlerai, car je tiens avant tout à sauver la princesse. Eh bien ! sire, sachez-le, ce désespoir qui lui est venu, c’est à cause qu’on a pris le prince Frédéric. Vous saurez tout d’un seul mot ; elle l’aime ; l’un et l’autre s’aimaient secrètement, et comme elle craint que vous ne le fassiez périr, elle n’a pu résister à cette affreuse idée.
Qu’ai-je entendu ?… Cela étant, je procéderai d’une autre façon, car enfin l’homme sage procède selon les circonstances. Agissons avec modération.
Permettez, sire, de baiser vos pieds à un malheureux qui, en servant son maître fidèlement, n’a jamais eu l’intention de vous offenser. J’attends humblement mon arrêt de mort.
Non, Roberto, lève-toi, tu es libre ; ta fidélité mérite une récompense plutôt qu’un châtiment. — Le ciel plus favorable a écouté mes vœux. On a enfin découvert ton maître, et voilà qu’on me l’amène prisonnier.
Ô ciel ! est-il possible ? — Il y avait donc par là quelqu’un qui le connaissait et qui l’aura trahi ?
Sire, voici devant vous le prince Frédéric de Sicile.