et c’est nous qui aurons la gloire de l’arrêter. Regardez, écoutez, et fouillez partout avec le plus grand soin. Ne laissez aucun coin sans le visiter, pénétrez dans les endroits les plus obscurs. Le roi vous sera bien reconnaissant s’il vous doit d’avoir en son pouvoir le scélérat qui lui cause tant de douleur.
Il est vrai que don Pèdre Sforze était son neveu.
Et en même temps c’était bien le prince le mieux fait, le plus spirituel, le plus noble, le plus vaillant, le plus aimable… De là vient que tout le monde est affligé de sa mort. Et si le roi tient une fois son assassin, il lui fera trancher la tête, d’abord pour l’insolence avec laquelle il s’est conduit le soir du sarao, et ensuite pour avoir changé traîtreusement le badinage d’un tournoi en un duel sérieux.
Oh ! comme je suis bien sous cet accoutrement ! Qui pourrait me voir ainsi sans mourir de rire ? — Des hommes qui passaient par là m’ont armé pour s’amuser, et si bien, que je ne puis plus bouger maintenant… Qu’il me tarde d’être au village ! qu’il me tarde de me montrer à Antona ! Sûrement elle me prendra pour un autre. — Si mes yeux ne me trompent, j’aperçois entre les rochers un cavalier armé dans mon genre.
C’est bien lui !… Pour s’en assurer il suffit de voir son armure.
Comment faut-il nous y prendre ? C’est que s’il se défend, nous ne viendrons jamais à bout de l’arrêter.
Cependant, puisque son cheval est là mort, il doit être bien fatigué. Allez doucement, vous deux par derrière, et moi je lui mets le pistolet sur la gorge.
Ne faisons pas de bruit.
J’en fais le moins possible ; car s’il nous entendait, nous ne pourrions jamais l’arrêter, fussions-nous dix fois plus nombreux, tant il a de force et de courage.
Pas de bruit ! silence !
Je serais curieux de savoir si avec cet accoutrement on pourrait me faire une bonne casaque.