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JOURNÉE III, SCÈNE V.

alcouzcouz.

Ainsi moi être toujours avec les mains attachées et la langue liée.


Entrent GARCÈS et UN SOLDAT. Garcès est enchaîné.
le soldat.

Ceux que vous voyez là, c’est votre camarade qui a si bravement tiré pour vous l’épée, et son domestique qui est muet.

garcès.

Quoiqu’il me fâche de m’être laissé prendre, cependant je m’en console en songeant que j’aurai l’occasion de délivrer celui qui m’a sauvé la vie. Je me dénoncerai plutôt que de le laisser dans la peine. Vous, mon cher, veuillez, je vous prie, dire à monseigneur don Juan de Mendoce comme quoi je suis ici en prison, et que je désire qu’il m’accorde la faveur de venir me voir. Je veux le prier de demander ma grâce au seigneur don Juan d’Autriche. On ne me la refusera pas après les services que j’ai rendus.

le soldat.

J’irai le lui dire dès que j’aurai fini ma faction.

don alvar, à Alcouzcouz.

Regarde, sans faire semblant de rien, quel est le nouvel hôte que le factionnaire vient de conduire ici.

alcouzcouz.

Moi le regarder tant qu’il plaira à vous. (Reconnaissant Garcès.) Ô ciel !

don alvar.

Qu’est-ce donc ?

alcouzcouz.

L’homme qui être arrivé là…

don alvar.

Eh bien ?

alcouzcouz.

Moi être rempli d’épouvante.

don alvar.

Parle donc.

alcouzcouz.

Moi mourir de peur.

don alvar.

Explique-toi.

alcouzcouz.

Il être le crétin de qui moi prisonnier et à qui moi voler le poison. Lui, sans doute, avoir appris que moi être ici. Mais lui l’avoir appris ou non, moi toujours cacher mon visage afin que lui pas me reconnaître.

Il se couche comme pour dormir
garcès, à don Alvar.

Camarade, je suis affligé, croyez-le, de vous trouver ici ; car, sans