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JOURNÉE III, SCÈNE IV.

don juan.

Il y avait donc des trésors enfouis à Galère ?

don lope.

Croyez-en la joie des soldats.

don juan.

Comme je serais bien aise d’offrir à ma sœur et ma reine quelques trophées de cette guerre, je vais faire acheter aux soldats les objets qui me paraîtront le plus dignes de lui être envoyés.

don lope.

Dans la même intention j’ai fait moi aussi quelques emplettes. Permettez, monseigneur, que je vous offre ce collier de perles, que j’ai acheté d’un soldat qui l’avait gagné au jeu. Il serait difficile de trouver un cadeau plus convenable.

don juan.

Ce collier est fort beau. Je ne le refuse pas, afin que vous-même ne refusiez pas plus tard quelque chose de moi. Il faut bien que je vous apprenne à recevoir, puisque vous m’apprenez à donner.

don lope.

Ce que je désire le plus, monseigneur, c’est que vous usiez comme il vous plaira et du collier et de moi.


Entrent DON ALVAR et ALCOUZCOUZ ; tous deux portent l’habit des soldats espagnols.
don alvar.

Je n’ai voulu que toi, Alcouzcouz, pour compagnon et confident de mon entreprise.

alcouzcouz.

Vous avoir bien fait de vous confier à moi, quoique mol pas savoir ce que votre courage avoir entrepris. Mais chut ! moi voir sa hautesse.

don alvar.

C’est don Juan ?

alcouzcouz.

Oui, ma foi !

don alvar.

Je suis curieux de voir un homme d’un tel mérite et d’un si grand renom.

don juan, à don Lope.

Comme toutes ces perles sont égaies !

don alvar.

Ah ! maintenant je le regarderais avec une avide attention, alors même que tel n’eût pas été d’abord mon désir. Ce collier que tu vois dans ses mains, hélas ! je le reconnais, c’est moi qui le donnai à Maléca.

don juan.

Retirons-nous, don Lope. Comme ce soldat est demeuré saisi en me regardant !