mieux, il est libre, et il compte bientôt retourner à Valence, etc. » Je m’arrête, car, je l’avoue, je suis toute suffoquée de colère.
Après cela, madame, il n’est pas besoin d’en lire davantage.
Voilà donc le procès qui appelait là-bas don Diègue !
Il fallait s’y attendre ; tout le monde, à Madrid, a des procès d’amour.
Je n’ai point de paroles pour exprimer ma douleur.
Ah ! ces monstres d’hommes ! que la foudre les écrase tous ! Surtout celui-là ; s’en serait-on douté, à le voir pleurer comme une cruche fêlée[1] ? et cela a duré jusqu’à ce qu’il ait aperçu un autre minois ! Mais tout beau, messieurs, nous faisons comme vous, et au bout de la journée. Dieu le sait, nous nous trouvons à deux de jeu, et nous ne vous redevons rien.
Je meurs de jalousie et de rage.
Il y a de quoi.
Et ma fureur durera jusqu’à ce que… Mais, silence ! n’a-t-on pas frappé à cette porte ?
Oui, madame.
Eh bien, va voir ce que c’est.
Malheur à toi, mon pauvre Ginès, si quelqu’un m’écrivait que, tu as offensé mon chaste honneur, et que l’on t’a fendu la tête à Madrid.
Hélas ! maintenant qu’à ma honte j’ai appris comme on pouvait changer, je voudrais aussi perdre jusqu’au souvenir, puisque j’ai perdu l’espérance. — Que ne donnerais-je pas pour voir la dame qui a pu l’engager à ce point !
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Y como los alfahareros
De amor, no solo pucheros
Hacen, sino cantarillas, etc., etc.Littéralement : » Et comme ces potiers d’amour font non seulement des pots, mais des cruches, etc., etc. » Il faut observer que le mot puchero signifie en même temps un pot et la grimace que font les enfans quand ils sont sur le point de pleurer.