Je ne sais pas comment mon cœur n’est pas brisé par les coups réunis de ces deux grands chagrins.
Quoi ! c’est vous, seigneur don Juan ?… Pourquoi donc n’avez-vous pas ramené don Lope avec vous ?
Je n’ai pas eu le loisir de l’attendre. Il m’avait promis d’être ici avant le coucher du soleil.
Je n’y compte pas maintenant. Voyez, la nuit a répandu au loin ses ténèbres épaisses. Vous auriez dû revenir avec lui, seigneur don Juan.
Je l’aurais attendu, madame ; mais cela ne m’a pas été possible. J’ai une telle affliction, que, loin de vouloir en importuner un ami aussi cher, je me fuirais moi-même.
Que le ciel me soit en aide !
Qu’est-ce donc ?
Rien, madame.
Vous n’avez pas entendu ?
Ce n’est rien ; c’est le vent qui a gémi à travers les arbres.
Non, c’est la voix d’un homme qui poussait un cri de détresse.
Cependant, madame, il n’y a personne autour de nous.
Il est vrai ; moi non plus je n’aperçois personne.
Voyez ! là-bas ! là-bas ! sur la mer !… On s’approche.
Je découvre à travers l’obscurité je ne sais quoi qui se meut sur les flots.
C’est un homme qui lutte énergiquement contre une mort presque certaine. Puisque la pitié du ciel l’a conduit de ce côté, je cours le secourir.
Pourvu que ce ne soit pas lui !