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À OUTRAGE SECRET VENGEANCE SECRÈTE

léonor.

J’étais mariée déjà ; et puisque je vous ai détrompé, pourquoi êtes-vous venu ici ?

don louis.

Je suis venu seulement pour voir si j’ai lieu de me plaindre de vous. Si, dans cette conversation, j’acquiers la conviction que vous avez manqué à votre foi, je partirai aussitôt pour la Flandre, où j’espère qu’une balle donnera la mort, non plus à don Juan de Benavidès, mais à don Louis de Benavidès.

léonor.

Quoi ! don Louis, vous voulez mourir ?

don louis.

Oui, Léonor, si en sortant d’auprès de vous…

syrène.

Voilà quelqu’un qui monte l’escalier.

léonor.

Ah ! ciel !

don louis.

Grand Dieu !

léonor.

Que faire ? Cette salle est obscure ; demeurez-y afin qu’on vous y trouve seul. Quand on sera entré, vous vous en irez. Mais ne partez pas pour la Flandre : j’ai besoin d’achever cette explication. — Viens avec moi, Syrène.

syrène.

Je vous suis.

Léonor et Syrène se retirent par la porte qui est à gauche.
don louis.

Y a-t-il un malheur égal au mien ? Léonor et Syrène m’ont laissé seul, incertain et troublé… Comment m’échapper au milieu des ténèbres qui m’environnent ?… Je ne connais pas la maison et je ne trouve pas la porte.


Entre DON JUAN par la porte du fond.
don juan, à part.

Cela est singulier qu’on n’ait pas encore allumé à cette heure !

don louis, à part.

C’est le pas d’un homme.

don juan, à part.

Quelqu’un marche. (Appelant.) Holà ! un flambeau ! — (À don Louis.) Qui va là ? qui est-ce ? répondez !

don louis, se heurtant contre don Juan.

Ah !

Ils tirent chacun leur épée et se battent.
don juan.

Répondez donc ! répondez du moins à mon épée qui vous interroge !