Je n’ai pas moins à me plaindre de la mienne, puisqu’elle m’a repris ce qu’elle m’avait donné.
Don Carlos ! cher cousin !
Embrassez-moi, cher don Juan !
Je ne le devrais pas ; mais j’ai beau avoir contre vous les plus justes motifs de plainte, je vous vois et j’oublie tout. — Vous êtes à Valence, don Carlos, et vous n’êtes pas chez moi ! Qu’est ceci ? pourquoi cette injure à mon amitié, à notre parenté ?
Grand merci, don Juan, de vos aimables reproches ; mais si vous saviez mon excuse, vous ne vous plaindriez pas. Comment vous portez-vous ?
Comme un homme disposé à vous servir en toute circonstance et malgré tout.
Et votre sœur, ma bien-aimée cousine ?
À merveille. — Mais laissons là, je vous prie, tous les complimens[1]. Qui vous amène ici, don Carlos ? qu’y a-t-il de nouveau à Madrid ?
Que voulez-vous qu’il y ait, don Juan ? mes malheurs ; j’ai beau les fuir, partout ils me retrouvent.
Le peu que vous me dites, ce mystère, vos soupirs, tout augmente mon désir de savoir le motif qui vous amène.
Il y a quelque temps je vis une beauté et je l’aimai ; et ce sentiment fut en moi si rapide, que je ne sais vraiment par où je commençai, — de la voir ou de l’aimer. Passionné, je lui rendis des soins ; constant, je souffris ses dédains ; tendre, je méritai quelques faveurs ; jaloux, je pleurai sur mes tourmens. Car tels sont les quatre âges de l’amour : il naît dans les bras du dédain, il croît
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…Mas dezemos
El cumplimiento, por Dios,
Que es un hidalgo muy necio.Mot à mot : « Mais laissons là le compliment, pour Dieu ! car c’est un gentilhomme fort sot. » À l’époque de Calderon, le mot hidalgo, qui était autrefois un titre honorifique, commençait à ne plus désigner qu’un gentilhomme de campagne, un gentillâtre. On comprend dès lors l’intention de Calderon.