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JOURNÉE III, SCÈNE II.

pour voir si vous êtes aussi heureux avec moi que vous l’avez été avec lui… »

lisardo.

Instruisez-moi de toutes mes obligations, afin que je puisse m’en acquitter.

aurelio.

Je vous dirai en un seul mot, qui je suis et pourquoi je viens.

lisardo.

Vous me ferez plaisir, car je suis extrêmement pressé.

don félix, lisant.

« Je vous attends derrière le château. Dieu vous garde. »

aurelio.

Eh bien ! embrassez-moi comme étant Lisardo, et non pas comme étant Celio ; car je sais qui vous êtes.

lisardo.

Cela suffit. Vous ne pouvez être que le seigneur Aurelio.

don félix, à part.

Derrière le château, dit-il. Quel est donc le chemin ?

aurelio.

Il est vrai ; et mes disgrâces veulent que je m’adresse à vous pour mon honneur et pour le vôtre.

lisardo.

Je vous sais bon gré de cette démarche. (À part.) Il sait sans doute que don César est ici, et il vient m’en prévenir.

aurelio.

Car vous saurez, mon ami, que…

don félix.

Cavaliers, veuillez, je vous prie, m’indiquer le chemin du château.

aurelio.

Que vois-je ! (Il tire son épée.) Je vous indiquerai plutôt, cavalier déloyal, le chemin de la mort !

lisardo.

Je ne me trompais pas.

don félix.

On ne peut pas se battre de deux côtés à la fois.

lisardo, à part.

Je ne puis souffrir qu’un homme que j’ai provoqué se batte auparavant avec un autre, et je dois empêcher cela. (Haut.) Arrêtez seigneur Aurelio.

aurelio.

Eh quoi ! vous vous mettez de son côté !

lisardo.

Oui, car ceci me regarde.

aurelio.

Quoi ! lorsque je me bats avec un homme pour la défense de