Ce n’est pas à vous que s’adresse ce billet ; et avant de le lire, qu’il soit bien établi entre nous si vous êtes ou non don César.
Ne vous fâchez pas pour une mauvaise plaisanterie. C’est moi qui suis ici don César, et c’est à moi que s’adresse ce billet.
Nous avons pu changer de nom l’un avec l’autre pour un stratagème sans conséquence ; mais chacun de nous reste lui-même quand il s’agit de choses sérieuses qui touchent à l’honneur.
Votre honneur ne courra jamais de hasard avec moi votre ami dévoué.
Je n’en doute pas ; mais je ne puis être tranquille que je n’aie vu ce billet.
Et moi je ne puis vous le montrer.
Remarquez, je vous prie, qu’il est du plus haut intérêt de savoir où est Lisardo et d’où il m’écrit.
C’est à moi que la lettre s’adresse, et c’est à moi d’y répondre.
Non pas ! il s’agit d’une chose qui me concerne moi qui porte réellement le nom de César, et non pas vous à qui j’ai prêté mon nom.
C’est moi qui suis ici don César, et c’est à moi que l’on entend écrire ; si l’on se trompe sur le nom, on ne se trompe pas sur la personne.
N’est-ce pas moi qui ai tué Laurencio ?
Oui.
Étiez-vous son ennemi ?
Non.
Donc, bien que cette lettre vous soit envoyée, elle est pour moi
Êtes-vous ici don César ?
Non.