de vous. — Après avoir long-temps témoigné les derniers mépris à un cavalier qui me rendait des soins, je finis, quoiqu’il eût tué en duel un de mes parens, je finis par concevoir pour lui des sentimens plus favorables… Ce cavalier est celui que votre père retient, ainsi que moi, dans sa maison… Mais, hélas ! les bontés que j’ai eues pour lui m’ont été bien funestes !… Pardonnez-moi de vous raconter aussi longuement ma triste histoire ; c’est que je voudrais obtenir votre bienveillance et loucher votre cœur. — Je lui écrivis de venir me parler une nuit dans notre jardin ; il me répondit qu’il viendrait… J’ignorais et il ignorait comme moi qu’il devait partir la veille, envoyé par le duc eu ce pays… Mon père vit la lettre…
Arrêtez… Le duc, dites-vous, l’envoyait en ce pays ?
Oui, madame. — Y aurait-il là quelque chose qui vous ait déplu ?
Nullement ; j’étais distraite… et je n’avais pas compris. Achevez.
Mon père vit la lettre ; et bien que par prudence il ne voulut pas éclater, son ressentiment remporta, et il m’enferma dans mon appartement.
Et dites-moi, ce cavalier, est-ce celui qui est venu à Milan de la part du duc ?
Oui, madame. — Je vois, hélas ! que vous ne prêtez pas beaucoup d’attention à mes paroles.
C’est que je suis triste et préoccupée ; ne vous en fâchez pas.
J’en resterai là, si cela vous ennuie.
Non pas ; poursuivez, je vous prie.
Je crains, madame…
Que craignez-vous ?
Que vous intéressant peu à mon infortune, vous ne vous inquiétiez pas beaucoup des moyens de la faire finir.
Vous êtes dans l’erreur : toutes ces questions, c’est pour m’éclairer. Continuez, de grâce.