Scène II.
Où est allé Fabio ?
Il sera allé, madame, je pense, dans toutes les hôtelleries et dans toutes les auberges s’informer de don César.
Ô mes peines, dont le nombre est si grand désormais que je ne puis plus vous compter, quand donc cesserez-vous de vous ajouter les unes aux autres ?… Qui m’eût dit que je quitterais un jour de la sorte la maison paternelle, après avoir perdu ma position, ma renommée, mon honneur, et abandonnée de tout le monde ?… Plût à Dieu, Nice, que mon cœur n’eût jamais passé de la haine à l’amour !… Plût à Dieu que je n’eusse jamais donné rendez-vous dans le jardin à don César, et que mon père l’eût ignoré, ou, qu’ayant tout appris, il m’eût donné la mort !… Malheureuse nuit, où, après son départ supposé, j’attendais don César ; où Fabio, plein de pitié, vint m’ouvrir la porte après un déplorable tumulte, et où je quittai la maison pour me soustraire à la colère de mon père et pour aller demander protection à don César ! — Je voudrais qu’on ne m’eût pas dit qu’il était venu à Milan, et je crains qu’à compter de ce jour l’hôtellerie de l’Étoile ne devienne une habitation funeste, puisque j’y suis venue demeurer.
À qui donc, madame, dites-vous vos ennuis ? Ne les connais-je pas ?
C’est à moi-même, Nice, que je les dis ; et n’en sois pas étonnée, car la douleur ne trouve qu’en elle-même sa consolation.
Grâces à Dieu, j’ai retrouvé ma valise ; et pour celle de mon maître, ce sera à lui d’en rendre grâces à Dieu… Voyons, arrangeons-nous le mieux possible pour emporter cela de mon mieux.
Eh ! madame, n’est-ce point la le valet de don Félix ?
Oui, c’est lui, et je commence à espérer. Il est heureux pour moi que don Félix soit venu à Milan, car il est l’ami intime de don César, et par lui je saurai de ses nouvelles… Appelle-le… Mais non, arrête.