Quelle rigueur !… mais elle ne me découragera pas.
Que voulez-vous dire ?
Je veux dire, madame…
Achevez !…
Que quelque jour vous-même vous me vengerez de vous.
Je ne vous comprends pas ; et rendez-en grâces au ciel, car si je vos comprenais… Mais quelle folie à moi de me fâcher ! — Allez avec Dieu, cavalier ; et puisque nous avons tous deux besoin de don César, allez le chercher, et ce sera lui qui me vengera de vous.
Quand donc, Flora, mon amour pourra-t-il triompher de tant de rigueurs ?
Vous ne rougissez pas, cavalier perfide, de m’adresser la parole ?
Eh quoi ! vous aussi, Flora, vous m’en voulez ?
Est ce que lorsque vous enleviez ma maîtresse, vous n’auriez pas dû m’enlever moi aussi, par politesse, quand bien même j’eusse été une négresse ?
« Nous avons tous deux besoin de don César ; allez le chercher, et ce sera lui qui me vengera de vous. » Par ces mots, doña Serafina s’est trahie, et elle a presque taxé de lâcheté ma conduite avec don César… N’est-ce pas affreux ? Lorsque j’ai pris un autre nom et me suis donné une autre patrie pour me venger plus sûrement, dois-je aller ainsi imprudemment me découvrir ? Ne dois-je pas au contraire dominer tous les mouvemens qui pourraient compromettre ma vengeance ?… Mais, vive Dieu ! avant de savoir qui je suis, on saura, lorsque nous nous battrons corps à corps dans le champ… Mais voici don César.
Qu’y a-t-il pour votre service, seigneur cavalier ?
Le prince mon seigneur m’envoie savoir comment vous avez passé le nuit.