Laissez-moi la suivre, que je la reconnaisse.
Oui, j’entends ! Vous voudriez l’apaiser, en lui disant que vous m’avez laissée pour courir après elle : mais cela ne sera pas.
Laura, ma bien-aimée, que le ciel m’abandonne si je sais quelle est cette femme !
Moi, si, je le sais, et je vous le dirai… C’était Nice ! Je l’ai bien reconnue à sa taille et à sa démarche.
Je vous assure que ce n’était point Nice.
Qui était-ce, alors ?
Je l’ignore.
Fort bien ! — Votre faute, je la sais ; et votre excuse, je l’ignore. Comment donc voulez-vous que ce que je sais efface en mon esprit ce que je ne sais pas ? — Adieu, don Félix.
Si ce que vous voyez ne suffit pas à vous désabuser, comment, Laura, voulez-vous que je croie ce que vous refusez de croire ?
Parce que, moi, je dis la vérité, et que je suis celle que je suis.
Et moi de même. — Et j’ai vu chez vous un homme.
Et moi, chez vous, une femme.
Je ne sais qui c’était.
Ni moi non plus.
Si fait, Laura, vous le saviez, puisque vous alliez me le dire.
Je m’en irai sans vous le dire, à présent. Je serais bien bonne, vraiment, de m’expliquer avec un homme tel que vous.
Mais songez, Laura…
Lâchez-moi, don Félix.
Eh bien ! allez-vous-en ; car c’est trop affreux de prier quand on a à se plaindre.