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MAISON À DEUX PORTES.

calabazas, de la porte.

Eh ! tst ! ts !… le seigneur don Félix !

marcela.

Ah ! malheureuse !

lisardo.

Ne craignez rien, madame, vous êtes avec moi.

marcela.

Eh bien ! puisque ainsi mes disgrâces se succèdent l’une à l’autre, et que je n’ai plus rien à ménager, sachez qui je suis…

calabazas.

Il entre dans la salle.

marcela.

Je ne puis achever… Ma vie est en vos mains ; je la confie à votre honneur. — Je me cache.

Elle se cache dans un cabinet.
lisardo.

Ô cieux ! délivrez-moi de ces doutes mortels !… Il faut qu’elle soit sa maîtresse, puisqu’elle le craint tant.


Entre DON FÉLIX.
don félix.

Lisardo ?

lisardo.

Qu’avez-vous, don Félix ?

don félix.

J’ai un chagrin affreux, et je viens chercher auprès de vous des consolations et des conseils.

lisardo.

Mais… moi, don Félix…

don félix.

J’ai besoin d’un ami tel que vous.

lisardo.

Laisse-nous, Calabazas.

calabazas.

Je vais tout préparer.

Il sort.
lisardo.

En apprenant que vous n’étiez pas rentré chez vous de la nuit, je m’étais imaginé que vous célébriez votre raccommodement avec votre dame ; et voilà que vous revenez, dites-vous, avec un sujet de tristesse !

don félix.

Oui, un malheur en amène toujours un autre. — Ah ! mon ami, que vous aviez raison hier, quand, lorsque je vous parlais de la jalousie, vous me disiez qu’il est bien moins douloureux de la causer chez un autre que d’en sentir soi-même les effets ! Aujourd’hui, cette jalousie que naguère j’inspirais, je l’éprouve. Ah ! mon ami, quelle horrible torture que la jalousie !