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JOURNÉE II, SCÈNE I.

laura.

Arrête-le Celia.

celia.

Je m’en garderais bien.

laura.

Je le retrouverai et je lui parlerai. Ah ! Marcela, que de tourmens tu me causes !

Laura et Celia sortent.

Scène II.

Une chambre dans la maison de don Félix.
Entrent LISARDO et CALABAZAS.
lisardo.

Quelle journée !

calabazas.

Qu’avez-vous donc, seigneur ?… D’où et comment venez-vous à cette heure ?

lisardo.

Je n’en sais rien.

calabazas.

Après être sorti sans moi, — ce qui ne s’est jamais vu avec un laquais homme de bien, — vous rentrez à la maison comme un foudre au moment où le jour va paraître, et, par-dessus le marché, pâle, grondeur et furieux.

lisardo.

Ne m’assomme point, de grâce, et surtout ne t’avise pas de plaisanter ; je ne suis pas d’humeur à goûter le sel de tes plaisanteries. — Fais plutôt nos malles. Il faut, que je parte aujourd’hui, ce matin… Mais non, va voir auparavant si je puis parler à don Félix.

calabazas.

À don Félix, dites-vous ?

lisardo.

Oui, à don Félix.

calabazas.

C’est qu’il n’est pas à la maison. Je crois même, malgré l’heure très-avancée, qu’il n’est pas rentré se coucher.

lisardo.

Il est heureux, lui ! il sera allé célébrer son raccommodement avec sa dame… Et moi !… Ah ! Calabazas, si tu savais tout ce qui m’arrive !

calabazas.

Il ne tient qu’à vous, monseigneur, que je le sache.

lisardo.

Afin que tu me laisses tranquille, écoute, — Mais à condition que tu me feras grâce de tes conseils.