Je parie qu’il va le jeter du haut en bas de la montagne.
Je me prosterne devant vous, monseigneur, résigné à mourir.
Levez-vous ! — levez-vous, ô mon père ! Veuillez être mon guide, mon confident, mon conseil, vous qui, depuis ma naissance, m’avez élevé si fidèlement ! Embrassez-moi.
Que dites-vous ?
Que je rêve et que je veux faire le bien, car on ne perd jamais le prix du bien que l’on a fait, même en rêve.
Puisque vous vous êtes promis de bien faire, seigneur, je ne vous offenserai certainement pas en vous montrant que c’est là aussi mon intention… Vous voulez déclarer la guerre à votre père ? Je ne puis vous conseiller ni vous seconder contre mon roi. Me voilà à vos pieds, tuez-moi !
Insolent ! traître ! ingrat ! (À part.) Mais non, ô ciel ! calmons-nous ; car je ne sais pas encore si je suis éveillé ou si je rêve (Haut.) Clotaldo, je vous sais gré de votre noble conduite. Allez servir le roi. Nous nous retrouverons sur le champ de bataille. (Aux soldats.) Vous, sonnez l’alarme.
Je vous baise les pieds mille fois.
Allons, Fortune, marchons vers le trône ; et si je dors, ne me réveille pas, et si je veille, ne me replonge pas dans le sommeil — Mais que tout cela soit une vérité ou un rêve, l’essentiel est de se bien conduire : si c’est la vérité, à cause de cela même ; et si c’est un rêve, afin de se faire des amis pour le moment du réveil.
Scène II
Peut-on, Astolfe, arrêter un cheval emporté ? Peut-on retenir un fleuve qui coule avec rapidité vers la mer ? Peut-on maintenir un rocher qui va rouler du haut d’une montagne ?… Eh bien ! tout cela serait plus facile que d’apaiser le vulgaire une fois sorti de la mo-