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JOURNÉE II, SCÈNE I.

sigismond.

Que personne ne cherche à m’arrêter ; ce serait une peine inutile. Et, vive Dieu ! si quelqu’un d’entre vous se met devant moi, je le jette par la fenêtre.

deuxième valet.

Fuyez, Clotaldo !

clotaldo.

Hélas ! malheureux, pourquoi montrez-vous tant d’orgueil, sans savoir que vous êtes au milieu d’un rêve ?

Il sort.
deuxième valet.

Remarquez, seigneur…

sigismond.

Otez-vous…

deuxième valet.

Il n’a fait qu’obéir au roi.

sigismond.

Il ne devait pas obéir au roi en une chose qui n’était pas juste ; et d’ailleurs j’étais son prince.

deuxième valet.

Il n’a point dû examiner s’il faisait bien ou mal.

sigismond.

Il paraît que vous cherchez quelque chose, puisque vous osez me répondre.

clairon.

Le prince parle fort bien, et vous vous conduisez fort mal.

deuxième valet.

Qui vous a donné la permission de venir ici ?

clairon.

C’est moi qui l’ai prise.

sigismond.

Dis-moi, qui es-tu, toi ?

clairon.

Je suis un homme qui aime à se mêler des affaires des autres, et je ne crains personne en ce genre : j’ai fait mes preuves.

sigismond.

Dans ce monde tout nouveau où je me trouve, toi seul m’as plu.

clairon.

Je serais trop heureux, seigneur, de plaire à tout ce qui s’appelle Sigismond.

Entre ASTOLFE.
astolfe.

Heureux mille fois, ô prince ! le jour où vous vous montrez à la Pologne, et où vous remplissez ce pays d’une splendeur inaccoutumée, en sortant, comme le soleil, du sein des monts. Que votre noble front puisse porter longtemps la couronne royale !