Vous ne pouvez être qu’à demi content de moi. Vous vouliez voir votre dame la nuit, et… Mais voici le gouverneur qui entre.
Quoi ! vous ici, don Juan ?
Oui, seigneur, je suis prisonnier moi aussi.
Vous !… comment cela ?
Puisque mon ami est prisonnier, je puis dire avec raison que je le suis également.
Bien !… — Mais à ce compte nous sommes tous prisonniers, car tous nous désirons servir don César.
Je me tais, seigneur, et par là je crois vous mieux montrer ma gratitude. La parole est impuissante à exprimer les émotions de l’âme. Ainsi je me contente de vous dire : Que Dieu augmente et prolonge votre vie !
Voudriez-vous, don Juan, me laisser avec don César ? nous avons beaucoup à parler ensemble.
Je m’empresse de vous obéir.
Hélas ! quelle occasion je perds !… si encore je pouvais la retrouver ce soir ! (Bas, à don Juan qu’il retient.) Vous voyez ce qui se passe, don Juan. Il pourra se faire que la dame soit déjà à m’attendre avec mon valet chez vous. Allez-y, entrez, car je sais qu’elle aura le visage recouvert de sa mante, — et dites-lui qu’il m’est impossible de l’aller voir. Ajoutez que je meurs de désespoir et de douleur.
Comptez-y.
À propos, don Juan, puisque vous savez qui elle est, n’ayez pas l’air avec elle de le savoir.
Soyez tranquille.
Asseyez-vous là, don César.