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DE MAL EN PIS.

nant de votre honneur ; et que dirait mon père, s’il rentrait et qu’il ne vous vit pas ?

flerida.

Je serai de retour avant son arrivée ; il n’est pas tard, madame.

lisarda.

Il faut que vous m’accompagniez cette après-dinée en visite.

flerida.

Vous voulez que je prenne patience.

lisarda.

Vous m’êtes nécessaire.

flerida.

Je serai de retour à l’instant. Je ne demande qu’à le voir.

lisarda.

Je n’y consentirai pas.

flerida.

Je reviendrai aussitôt.

lisarda.

Cela est impossible… vous avez beau vous obstiner, vous n’irez pas.

flerida.

Eh bien ! vous avez beau vous obstiner, vous aussi, quoi qu’il arrive, j’irai.


Entre LE GOUVERNEUR.
le gouverneur.

Comment ! vous vous querellez toutes deux ? Qu’est-ce donc ?

lisarda, à Flerida.

Vous ferez par force ce que vous n’avez pas voulu faire de gré.

flerida, à Lisarda.

Nous verrons.

le gouverneur.

Eh bien ?

lisarda.

C’est madame qui voulait sortir de la maison sans vous parler d’abord.

flerida.

Oui, seigneur, parce que je m’en veux aller.

le gouverneur.

Quoi ! suffit-il de dire : Je veux m’en aller ?

flerida.

Je confesse que je devais vous demander la permission ; mais puisque vous savez qui je suis et de quelle manière je suis ici, vous comprenez que je désire aller voir mon époux.

le gouverneur.

Je comprends que vous désiriez le voir : mais ce n’est pas pour que vous le voyiez que vous êtes notre prisonnière.