Scène VI.
Je ne puis trouver cette porte… La nuit est si obscure et si sombre, mon esprit est si plein de trouble et de confusion, que je ne sais plus où je vais au milieu de ces doubles ténèbres… Fallait-il que pareille chose m’arrivât, et dans la maison du gouverneur !… Quel malheur est le mien !… Je ne trouverai donc pas cette porte !… Je suis bien sous le portique cependant… (Il met la main sur une chaise à porteurs.) Qu’est ceci ? une chaise à porteurs, si je ne me trompe. C’est sous ce portique qu’on les remise d’ordinaire… Mais voila quelqu’un… Je n’ai plus d’autre ressource que de m’y cacher… Dans une circonstance aussi critique il faut abandonner quelque chose au hasard.
C’est de ce côté-ci que j’ai entendu le bruit. Veillez sur la porte ; qu’il ne nous échappe pas.
Dès que j’ai entendu votre voix, seigneur, je suis sorti de ma chambre.
Pour augmenter mon embarras.
Qu’y a-t-il donc ?
Ce n’était rien. Je me suis mépris. (À part.) Ô mon honneur ! dissimulons !… (Haut.) J’ai cru que l’on marchait dans mon appartement ; je me suis levé pour voir. J’en ai du regret à présent. J’ai parcouru la maison sans rencontrer personne ; cela ne m’a servi qu’à réveiller ma fille, qui était déjà dans son premier sommeil. Et ainsi, don Juan…
Vous ne vous êtes pas trompé, seigneur. Quelqu’un aura pénétré dans le palais, j’en ai la certitude ; car, d’abord, j’ai entendu des pas qu’on tâchait d’étouffer, et ensuite un bruit pesant comme d’un homme qui se serait précipité d’une fenêtre.
Je cherche en vain à démentir ma honte… elle n’est que trop certaine !… (Haut.) Maintenant que j’ai fouillé la maison, je suis