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NOTES.

pollon, le même Lope, faisant l’éloge de Cristoval Virnes, s’exprime ainsi : « Repose en paix, esprit singulier à qui les poètes comiques sont redevables des meilleurs principes de leur art ; tu as composé de belles tragédies. »

« O ingenio singular ! en paz reposa
A quien las musas cómicas debieron
Los mejores principios que tuvieron ;
Celebradas las tragedias escribiste. »


Ces exemples suffisent pour prouver qu’en Espagne le mot comédie sert à désigner, en général, un ouvrage dramatique.

Après tout, la signification très-étendue que les Espagnols donnent au mot comédie ne doit pas nous étonner. Nous avons en France une manière de parler tout-à-fait analogue. Pour dire que l’on va au théâtre, ne dit-on pas fort souvent que l’on va à la comédie ? et d’un bon acteur tragique, ne dit-on pas qu’il est un bon comédien ?

Deuxième observation. Sur le nombre des comédies de Calderon.

Don Juan de Vera-Tasis attribue à Calderon cent vingt comédies. Bien que le recueil d’Apontes, l’édition la plus complète de Calderon, n’en contienne que cent huit, je ne crois pas qu’il y ait d’exagération dans le chiffre indiqué par Vera-Tasis. D’abord, dans le catalogue que Calderon lui-même a donné de ses ouvrages, il nomme cent onze pièces de théâtre ; puis, dans divers recueils, nous avons trouvé plusieurs pièces qui portent son nom, et qui pourraient bien être de lui en effet ; puis enfin, il est positivement reconnu que Calderon a travaillé à plusieurs ouvrages qui ne portent pas son nom, et l’on indique même quelle y a été sa part de travail. Ainsi, d’après los Hijos de Madrid, que nous avons cité plus haut, il a fait la première journée de Enfermar con el remedio, — El privilegio de las mugeres ; et la troisième journée de La fingida Arcadia, — El pastor fido, — Circe y Polifemo, — La margarita preciosa, et El mejor amigo el muerto.

Je ne serais pas également d’accord avec don Juan de Vera-Tasis sur le nombre des autos. Dans le catalogue dont je viens de parler, Calderon n’en a nommé que soixante-douze. Or, il n’est pas probable qu’il eût oublié le tiers des ouvrages sur lesquels il fondait sa principale gloire, et l’on doit, sur ce point, s’en rapporter à lui plutôt qu’à son biographe.

Troisième observation. Sur la classification des comédies de Calderon.

On peut diviser les comédies de Calderon en trois classes :1o  les comédies d’intrigue ; 2o  les comédies sérieuses ou historiques ; 3o  les comédies dont le sujet est emprunté à la mythologie ou à l’histoire grecque ou romaine, la plupart composées pour être jouées dans les fêtes de la cour.

Nous croyons qu’on nous saura gré de donner ici les titres de quelques-unes des pièces les plus remarquables de chaque catégorie :

Les engagemens du hasard. — Maison à deux portes. — Il y a du pis. — Il y a du mieux. — Ne badinez pas avec l’amour. — Il n’est rien tel que de se taire. — À demain. — Maudit soit l’amour. — La Dame revenant. — Le Faux astrologue. — Pauvreté mère d’industrie. — Le Geôlier qui se garde lui-même, etc., etc. — Le Prince constant. — Le dernier duel en Espagne. — À outrage secret. — L’Alcade de Zalaméa. — Le Médecin de son honneur. — Le Peintre de son déshonneur. — La Dévotion à la Croix. — L’Exaltation de la Croix. — La vie est un songe. — Le Tétrarque de Jérusalem. — Aimer après la mort. — Le schisme d’Angleterre, etc., etc. — Le Laurier d’Apollon. — Le second Scipion. — Les Armes de la beauté. — Écho et Narcisse. — La Merveille des jardins. — La grande Zénobie. — Le Pont de Mantible, etc., etc.

Quatrième observation. Sur l’époque à laquelle les diverses comédies de Calderon ont été composées.

On ignore, en général, la date à laquelle se rapporte la composition des comédies de Calderon. Cependant, il en est quelques-unes auxquelles on peut assigner une date précise, par exemple, la pièce intitulée les Couleurs de la rose (la Purpura de la rosa), composée à l’occasion du mariage de l’infante Marie-Thérèse avec Louis XIV. Il en est d’autres dont on pourrait fixer la date d’une manière à peu près positive en les plaçant à celle d’une fête, d’une entrée dont elles renferment la description ; telle serait la pièce intitulée, Méfiez-vous de l’eau qui dort (Guárdate del agua mansa), dans la