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JOURNÉE II, SCÈNE IV.

don juan.

Il est fort de mes amis, et il consentira sans peine à vous laisser sortir si je lui promets de vous emmener avec moi.

don césar.

Comme voilà le soleil qui s’enfonce affaibli dans les champs de l’Occident, et que la nuit commence à déployer ses ailes brunes, dites-lui qu’il nous laisse sortir promptement.

don juan.

Je ferai à vos souhaits.


Entrent L’ALCAYDE et CAMACHO.
l’alcayde.

Que me voulez-vous, don Juan ?

don juan.

Vous dire que je ne vous ai pas encore quitté, que je suis toujours votre hôte, car je vis où vit don César.

l’alcayde.

Ce n’est pas bien à vous de m’imposer de nouvelles obligations, lorsque j’en ai déjà tant contracté qui font de moi votre dévoué serviteur.

don juan.

S’il en est ainsi, vous permettrez qu’il vienne avec moi pour cette nuit ; mon amitié mérite de vous cette faveur.

l’alcayde.

Il y a bien des recommandations de toute espèce, et les plus pressantes, pour qu’il ne sorte pas d’ici ; mais il n’y a pas de consigne qui tienne contre vous. Toutefois vous me donnez votre parole de le ramener avant le jour ?

don juan.

Je me porte sa caution en vous remerciant, et s’il survient quelque accident, j’entends qu’il coure pour mon compte.

l’alcayde.

Rappelez-vous bien : pour la nuit seulement.

don césar.

Avant que l’aube paraisse, vous me reverrez à la prison doublement votre esclave.

l’alcayde.

À cette condition les portes vous sont ouvertes. — Que Dieu vous garde !

Il sort.
don juan.

Allons, don César, puisque vous êtes libre, conduisez-moi où votre future vous appelle ; je veillerai fidèlement sur votre rendez-vous.

don césar.

Il n’est pas juste que vous tardiez pour moi de retourner chez votre hôte, où votre future vous attend ; je ne saurais y consentir. Allons chacun de notre côté.