Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome I.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
282
DE MAL EN PIS.

don césar.

Soyez la bienvenue, puisque vous venez rendre la vie à un homme demi-mort.

celia.

Voici pour vous une lettre de cette pauvre prisonnière qui vit bien affligée.

don césar.

En récompense, voici pour vous un diamant. (Il lui donne une bague.) Il jette un tel éclat et lance de tels feux qu’on le prendrait pour une étoile, s’il était attaché à la voûte du ciel.

Il lit la lettre.
camacho, à Celia.

Montrez un peu ; il me semble bien terne.

celia.

Non pas ! il est de la plus brillante blancheur.

camacho, offrant une bague de plomb à Celia.

Eh bien ! je vous donne, moi, cet autre diamant tout pareil à celui-là, si vous voulez me laisser voir cette figure.

celia.

Vous n’obtiendrez pas cela.

camacho.

J’en sais le motif.

celia.

Parce que je suis laide, pas vrai ?

camacho.

Justement.

celia.

Au contraire, c’est que je suis jolie.

camacho.

Si cela était, vous ne vous envelopperiez pas le visage dans une mante comme une âme en peine.

celia.

Eh bien ! regardez si je suis jolie ou laide.

camacho.

Je ne veux plus vous voir à présent.

celia.

Allons, pas de façon, regardez-moi.

camacho.

À présent que vous le désirez, moi je ne veux plus.

celia.

Tenez, je vous donne ce diamant si vous consentez à me regarder.

camacho.

Je n’y tiens pas. Je ne les ai jamais aimés, les diamans.

celia.

C’est votre dernier mot ?

camacho.

Oui.