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JOURNÉE II, SCÈNE III.

félix, regardant à travers la serrure.

Oui, soigneur, c’est bien ma maîtresse, c’est bien elle… C’est celle qui est à la gauche de madame votre fille.

le gouverneur, après avoir regardé.

Il faut bien que ce soit elle ; car celle-là est la seule que je ne connaisse pas. Les autres sont ma fille et deux de ses suivantes. — Êtes-vous satisfait maintenant ?

félix.

Oui, seigneur, et je pars pour Naples à l’instant même. Demeurez avec Dieu.

Il sort.

Scène III.

L’autre chambre.
LISARDA, FLERIDA, CELIA et NICE. Entre LE GOUVERNEUR.
celia, annonçant.

Monseigneur !

flerida, bas à Lisarda.

Si vous lui parlez, parlez-lui en ma faveur. Demandez-lui qu’il vous permette de me recevoir ici.

lisarda.

Oui, madame.

flerida.

Priez-le beaucoup.

lisarda.

Oui, madame.

flerida.

Je m’éloigne un peu.

Elle se retire vers le fond du théâtre.
celia.

Voici la crise[1] !

le gouverneur.

Eh bien ! Lisarda, vous ne me remerciez pas de l’amie que je vous ai envoyée !… Que dites-vous ?… répondez donc.

lisarda, à part.

Je me meurs. (Haut.) Seigneur, si vous avez quelque pitié pour votre fille…

le gouverneur.

Je vois ! vous l’aimez déjà ; et remplie de compassion pour elle, vous voulez que je lui pardonne ?

lisarda.

Seigneur, une faute aussi légère mérite d’être pardonnée.

  1. Il y a dans l’espagnol : Aquí fue Troya ! Ici fut Troie ! — Calderon emploie souvent cette exclamation pour annoncer une situation critique.