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JOURNÉE III, SCÈNE III.

crespo.

Vive Dieu ! c’est comme je vous le dis.

don lope.

Eh bien ! Crespo, ce qui est dit est dit.

crespo.

Eh bien ! seigneur, ce qui est fait est fait.

don lope.

Je suis venu délivrer le prisonnier et punir cet attentat.

crespo.

Et moi, je le garde en prison pour le crime qu’il a commis.

don lope.

Savez-vous bien que comme il est au service du roi, je suis son juge naturel ?

crespo.

Savez-vous bien qu’il m’a enlevé ma fille ?

don lope.

Savez-vous bien que je suis le maître de cette affaire ?

crespo.

Savez-vous bien qu’il m’a lâchement déshonoré dans la forêt voisine ?

don lope.

Savez-vous bien jusqu’où vont les privilèges de ma charge ?

crespo.

Savez-vous bien que je l’ai supplié d’arranger cela à l’amiable, et qu’il a refusé ?

don lope.

Vous usurpez une juridiction qui ne vous appartient pas.

crespo.

Il a bien usurpé mon honneur, qui ne lui appartenait pas davantage !

don lope.

Je saurai vous obtenir satisfaction, je vous le garantis.

crespo.

Jamais je n’ai prié personne de faire pour moi ce que je pouvais faire moi-même.

don lope.

Il faut absolument que j’emmène le prisonnier ; je m’y suis engagé.

crespo.

Et moi j’ai terminé ma procédure.

don lope.

Que voulez-vous dire avec votre procédure ?

crespo.

Ce sont des feuilles de papier que je couds l’une à l’autre, au fur et à mesure que l’on recueille les déclarations des témoins.