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NOTICE SUR CALDERON.

tes soient les comédies qui ont enseigné ces fourberies, qu’on n’aurait jamais trouvées sans elles ! »


..... Mal hubiesen
Las comedias que enseñaron
Engaños tan aparentes (22) !


Le seul tort, peut-être, que la morale serait en droit de reprocher à Calderon, c’est d’avoir, dans quelques-unes de ses comédies, glorifié cette susceptibilité du point d’honneur, qui porte parfois ses héros à des actes si condamnables. Et ici encore le poète pourrait ne pas demeurer sans réponse. « Ce n’est pas moi, pourrait-il dire, ce n’est pas moi qui ai développé chez mes compatriotes le sentiment exalté de l’honneur. Avant moi ce sentiment régnait en maître dans leurs cœurs : il était le mobile de leur conduite, la règle de leur vie, leur loi, leur inspiration. Je n’en ai été que l’interprète ; et si je n’avais pas su l’exprimer avec chaleur, avec éloquence, non seulement les Espagnols ne m’auraient pas adopté pour leur poète, mais moi-même je n’eusse pas été Espagnol ! »

Telle est, à notre jugement, la comédie de Calderon considérée d’une manière générale. Nous nous réservons de compléter notre opinion dans les notices spéciales qui précéderont chaque pièce. Un mot maintenant des autos.


Nous avons déjà défini ce qu’était un auto : une espèce de drame religieux allégorique. Les personnages les plus ordinaires de ces drames sont la Foi, la Grâce, la Faute, la Nature, le Judaïsme, la Gentilité. Dans ces ouvrages, le poète, en nous montrant la folie de nos passions, en combattant les prétentions et la vanité de la raison humaine, cherche à nous expliquer le mystère de notre destinée.

Les critiques modernes, qui ne sont pas toujours d’accord sur les comédies de Calderon, sont encore plus divisés sur le mérite de ses autos. M. Schlegel, chez qui une instruction étendue s’unit à tant d’esprit et d’imagination, les a vantés avec le plus vif enthousiasme. M. de Sismondi, dont la raison est si éclairée, n’en a parlé qu’avec une réserve qui ressemble au dédain. Pour nous, s’il nous est permis d’émettre notre opinion après celle d’écrivains aussi considérables, nous pen-