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L’ALCADE DE ZALAMÉA.

sans plus de retard, vous réunissiez la compagnie, et que vous partiez au plus tôt de Zalaméa. Et qu’on ne recommence plus ; autrement, vive Dieu ! ce sera moi qui rétablirai la paix à grands coups d’épée.

le capitaine.

Seigneur, la compagnie partira dans la matinée. (À part.) Petite paysanne, tu me coûteras la vie !

crespo, à part.

Don Lope a la tête vive ; nous serons bien ensemble.

don lope, à Crespo.

Venez avec moi. Je ne veux pas qu’on vous trouve seul nulle part.

Ils sortent


Entrent MENDO, et NUÑO blessé.
mendo.

Est-ce que ta blessure est sérieuse, Nuño ?

nuño.

Quand elle le serait encore moins, elle le serait encore trop pour moi, et je m’en serais bien passé.

mendo.

Je n’ai jamais éprouve un pareil chagrin.

nuño.

Ni moi non plus.

mendo.

Je suis furieux. — C’est donc à la tête que tu as reçu le coup ?

nuño.

Oui, dans tout ce côté-là.

On entend battre le tambour.
mendo.

Qu’est ceci ?

nuño.

C’est la compagnie qui va partir.

mendo.

À la bonne heure !… Je n’aurai plus ainsi à craindre la rivalité du capitaine.

nuño.

Ils partent dans la journée.


Entrent LE CAPITAINE et LE SERGENT.
le capitaine.

Sergent, tu partiras avant le coucher du soleil avec toute la compagnie ; et, souviens-t’en, lorsque cet astre disparaîtra de l’horizon pour se plonger dans l’océan espagnol, je t’attends à l’entrée de la forêt voisine. Je veux aujourd’hui naître à la vie au moment où le soleil finira sa carrière.

le sergent.

Silence ! j’aperçois quelqu’un du village.