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JOURNÉE I, SCÈNE III.

l’étincelle, appelant.

Holà ! la garde ! la garde !

rebolledo, annonçant.

Messeigneurs, attention ! voici don Lope !


Entre DON LOPE, richement vêtu.
don lope.

Qu’est-ce donc ? la première chose que je vois en arrivant ici, c’est une querelle.

le capitaine, à part.

Don Lope de Figueroa est arrivé bien mal à propos !

crespo, à part.

C’est que, par Dieu ! mon jeune drôle aurait tenu tête à tout le monde.

don lope.

Qu’est-ce ? que s’est-il passé ? parlez, autrement, vive Dieu ! hommes, femmes, domestiques, je jette tout par la fenêtre. C’est bien assez peur moi d’être monté jusqu’ici, avec l’enragée douleur que j’ai à cette jambe… que je donne a tous les diables, ainsi soit-il ! Et j’entends au moins que vous me disiez ce qui en est.

crespo.

Ce n’est rien, seigneur.

don lope.

Parlez, dites la vérité.

le capitaine.

Eh bien ! vous saurez, seigneur, que comme je suis logé ici, un soldat…

don lope.

Achevez.

le capitaine.

Un soldat, dis-je, m’ayant manqué de respect, m’a forcé à tirer l’épée ; il a fui, et s’est sauvé dans cet appartement ; j’y suis entré à sa suite ; j’y ai trouvé ces deux paysannes ; et leur père ou leur frère, je ne sais trop ce qu’ils sont, se fâchent de ce que je suis entré jusqu’ici.

don lope.

Eh bien ! je suis arrivé fort à propos, et je donnerai satisfaction à tout le monde. Dites-moi, qui est le soldat qui a mis son capitaine dans l’obligation de tirer l’épée ?

rebolledo, à part.

Est-ce que je vais payer pour tous ?

isabelle.

Voilà l’homme qui est entré ici en fuyant.

don lope.

Qu’on lui donne deux tours d’estrapade[1].

  1. Dans le supplice de l’estrapade on élevait le criminel au haut d’une longue pièce de