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JOURNÉE I, SCÈNE II.

le capitaine.

Auparavant, un mot. J’ai besoin de toi pour l’exécution d’un certain projet que j’ai à cœur.

rebolledo.

Qu’attendez-vous donc ? Plus tôt j’en serai instruit, plus tôt il sera exécuté.

le capitaine.

Écoute. Je voudrais qu’on montât dans cet appartement d’en-haut pour voir s’il s’y trouve une personne qui essaie de se cacher de moi.

rebolledo.

Eh bien ! pourquoi n’y montez-vous pas ?

le capitaine.

Non, il me faut un prétexte, un moyen d’excuse… Je vais faire semblant d’avoir querelle avec toi ; tu fuiras en courant de ce côté ; alors, furieux, je tirerai l’épée, et toi, éperdu, tu entreras dans l’appartement de la personne que l’on me cache et que je cherche.

rebolledo.

C’est entendu.

l’étincelle, à part.

Allons, puisque Rebolledo cause ainsi avec le capitaine, il est sûr que nous avons les jeux.

rebolledo, jouant la mauvaise humeur.

Vive Dieu ! dire qu’on a accordé ce que je demande à des escrocs, à des poules mouillées, à des misérables ! et aujourd’hui qu’un homme d’honneur se met sur les rangs, on le lui refuse !

l’étincelle, à part.

Voilà-t-il pas que sa folie le prend !

le capitaine.

Comment oses-tu me parler de la sorte ?

rebolledo.

On a bien le droit de se fâcher quand on a raison !

le capitaine.

Non, tu ne l’as pas, ce droit ; baisse le ton, je te prie, et rends grâces au ciel que je ne punisse pas ton insolence.

rebolledo.

Vous êtes mon capitaine, c’est pour cela que je me tais. Mais, jour de Dieu ! si j’avais en main mon escopette…

le capitaine.

Eh bien ! que me ferais-tu ?

l’étincelle.

Seigneur, calmez-vous ! (À part.) Le malheureux ! il est perdu.

rebolledo.

Vous me parleriez sur un autre ton.

le capitaine.

Qu’attends-je donc ? que tardé-je à tuer cet audacieux, cet insolent ?