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LE MÉDECIN DE SON HONNEUR.

que les bandes se sont détachées, personne ne pourra me prouver le contraire. — Quant à cet homme, ç’a été une bonne précaution de l’amener ici de la sorte. Il ne sait où il est, et s’il raconte qu’il a saigné par force une femme, il lui sera impossible de dire quelle femme. D’ailleurs, au besoin, quand ce sera fini et que je l’aurai accompagné assez loin de ma maison, — j’ai mon poignard. — Je suis médecin de mon honneur, il faut que je lui rende la vie avec une saignée. La saignée est à la mode aujourd’hui.

Il sort.

Scène VI.

Une rue.
Entrent LE ROI et DON DIÈGUE.
le roi.

L’as-tu rencontré à la fin ?

don diègue.

Je n’ai pas été plus heureux que vous, Sire.

une voix, chnate dans l’éloignement.

L’infant don Henri de Castille
A pris tantôt congé du roi, etc.

le roi.

Eh bien ! don Diègue ?

don diègue.

Sire ?

le roi.

Maudit soit l’insolent ! — C’est dans cette rue que l’on chante. Sachons qui c’est… à moins que ce ne soit le vent par hasard !

don diègue.

Eh ! sire, ne vous inquiétez pas d’une pareille sottise. Que vous importe que l’on ait composé et que l’on chante une mauvaise romance de plus ou de moins à Séville ?

le roi.

Deux hommes viennent par ici.

don diègue.

Nous n’avons qu’à les interroger.

Entrent DON GUTIERRE et LE CHIRURGIEN.
don gutierre, à part.

Je ne sais pourquoi le ciel m’empêche d’assurer mon secret en tuant cet homme. — En voilà deux autres qui s’avancent ; il importe que je m’éloigne. (Au Chirurgien.) Attends-moi ici, Ludovico.

Il sort.
don diègue.

Sire, l’un des deux hommes qui venaient s’est enfui ; je n’en vois plus qu’un.