N’ayez pas peur.
Qui est la ?
C’est moi, madame.
Que prétendez-vous ? — Quelle audace !
Une audace qui se comprend et s’excuse après tant d’années de regrets et de douleurs.
Quoi ! seigneur…
Ne vous troublez pas.
Vous avez osé…
Calmez-vous.
Pénétrer ainsi…
Remettez-vous.
Dans ma maison. — Et vous n’avez pas craint de détruire la réputation d’une femme, d’offenser un vassal généreux et illustre ?
J’ai suivi votre conseil. Vous m’avez conseillé tantôt d’écouter la justification de cette dame, et je suis venu ici afin de voir ce que vous me direz pour excuser votre inconstance.
Hélas ! oui, la faute en est à moi. Mais si j’ai parlé de me justifier, que votre altesse le sache, j’obéissais alors à la voix de l’honneur. — Mais je ne pensais pas… je ne voulais pas vous revoir à cette heure, en ce lieu.
Croyez-vous donc, madame, que j’ignore les égards que je dois à votre nom et à votre vertu ? J’ai quitté Séville sous le prétexte d’une chasse ; mais je ne songeais pas à m’attaquer aux oiseaux de l’air. C’est à vous que j’en voulais, ô ma blanche tourterelle[1] !
Oui, seigneur, vous n’avez que trop raison de me comparer à cet
- ↑ Le traducteur s’empresse de déclarer ici, à l’honneur de Calderon, qu’il n’est point question de tourterelle chez le grand dramatiste. Il dit : garza, subst. fém., qui signifie héron. On nous pardonnera de n’avoir pas traduit plus fidèlement.