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JOURNÉE I, SCÈNE II.

l’infant.

Non, je ne désire plus rien savoir, puisque je vis et que je vous contemple. Je ne souhaiterais pas un plus grand bonheur, alors même que je serais en ce moment dans le séjour des morts. Peut-être suis-je dans le séjour de la gloire, car je me trouve près du plus beau des anges… Et ainsi, non, je ne désire pas savoir quelle suite d’aventures m’a conduit en ces lieux et vous y a conduite également. Je sais que je suis où vous êtes, et je suis content… Et ainsi, vous, vous n’avez rien à me dire, et moi je n’ai rien à entendre de vous.

doña mencia.

Le temps dévoilera bien des choses. — À cette heure, dites-moi, comment se trouve votre altesse ?

l’infant.

Oh ! très-bien ! tellement bien que je ne me suis jamais trouvé mieux. Seulement, je sens un reste de douleur à ce pied.

doña mencia.

Votre chute a été terrible ; mais avec un peu de repos, j’espère que vous ne tarderez point à vous remettre. — On prépare un lit à votre intention. — Vous me pardonnerez, je vous prie, l’extrême simplicité du logement, quoique je n’aie pas besoin d’excuse. Il m’était impossible de prévoir que j’aurais à vous recevoir aujourd’hui.

l’infant.

Vous parlez tout-à-fait comme une haute et noble dame, Mencia. — Êtes-vous la maîtresse de cette maison ?

doña mencia.

Non, seigneur ; mais je suis liée intimement avec quelqu’un qui en est le maître.

l’infant.

Et qui est-ce ?

doña mencia.

Un illustre cavalier, Gutierre Alfonso de Solis, mon époux et votre serviteur.

l’infant, se levant.

Votre époux !

doña mencia.

Oui, seigneur.

l’infant.

Ah !

doña mencia.

Mais ne vous levez pas, rasseyez-vous ; vous ne pouvez point vous tenir debout, seigneur.

l’infant.

Si fait, si fait, je le puis.

doña mencia.

Mais votre pied ?