Allez à ce château qui est sur le bord du chemin, don Arias ; peut-être quelques instans de repos suffiront-ils à remettre l’infant. Restez avec lui, vous autres, et que l’on me donne, à moi, un cheval ; il faut que je poursuive ma route. Cet accident m’a assez longtemps retardé. J’ai hâte d’arriver a Séville ; j’attendrai là de vos nouvelles.
Voilà une nouvelle preuve de son caractère insensible et dur. Vive Dieu ! comment peut-on ainsi laisser un frère qui se débat dans les bras de la mort ?
Taisez-vous, don Arias ! Songez que si les murs ont des oreilles, quelquefois aussi les arbres ont des yeux ! Croyez-moi, taisez-vous.
Vous, brave don Diègue, veuillez vous rendre à ce château ; dites que l’infant, mon seigneur, est tombé, et que… Mais non, il vaut mieux que nous l’y transportions, afin qu’il ait plus tôt les soins que son état exige.
C’est bien dit.
Oh ! que l’infant puisse-t-il revenir à la vie ! Je ne demande rien de plus à la destinée.
Scène II
Je les ai vus de la terrasse, mais je n’ai pu distinguer qui ils sont. Jacinthe, il sera arrivé la quelque malheur. Un brillant cavalier venait sur un cheval si léger et si rapide qu’on eût dit un oiseau qui volait, d’autant que les plumes colorées de son panache semblaient flotter au gré du vent. Bref, le cheval qui courait a trébuché, et son maître a été violemment renversé.
Regardez, madame ! les voici qui entrent.
Qui donc ?
Sans doute les seigneurs que vous avez vus de la terrasse.