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Je crois que ces exemples suffisent pour prouver que l’âne n’est ni lâche, ni timide : on défie les ânes de Babylone d’en citer autant.

On accuse enfin l’âne d’être méchant ; cette accusation est d’autant plus atroce, que dans tous les temps l’âne a donné des preuves, non-seulement de sa bonté, mais encore de son antipathie pour les méchants : cette aversion lui est si naturelle, que l’auteur du livre latin De quadrupedibus, a dit, que lorsque l’âne aperçoit un loup, il tourne aussitôt la tête pour ne pas le voir. Jugez de son éloignement pour la méchanceté, si la vue seule du méchant le fait frémir ! Hélas combien d’ânes à courtes oreilles, qui n’ont pas la même délicatesse. Si le rapport qu’on m’en a fait est véritable, loin de fuir les loups, ils encensent jusqu’aux crapauds.

L’ancienne mythologie contient un exemple si frappant de l’aversion des ânes pour la méchanceté, que je croirais manquer à ce que je dois à ces respectables animaux, si je le passais sous silence. Ô