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utiles baudets, réjouissez-vous ; j’entreprends aujourd’hui votre éloge : je veux prouver aux trop fiers habitants de Babylone, qu’il n’y a point dans l’univers d’animal qui vous soit comparable ; qu’eux-mêmes sont au-dessous de vous : vous seuls vous réunissez toutes les vertus répandues dans tous les êtres qui existent, et vous n’avez aucuns de leurs défauts : vous êtes les chefs-d’œuvre de la nature, les rois du monde. Réjouissez-vous donc, ô baudets, mes concitoyens, mes amis, réjouissez-vous ; les préjugés vont s’anéantir, vous serez adorés.

Vous qui foulant aux pieds les extravagantes opinions des hommes[1], avez

  1. Daniel Heinsius, chevalier de St-Marc, Professeur en Histoire et en Politique dans l’Université de Leyde, mort en 1655, a fait en latin l’éloge de l’âne. Jean Passerat, qui fut Professeur d’éloquence à Paris après l’assassinat de Ramus, était de Troyes en Champagne ; il a fait aussi en latin le panégyrique de l’âne. En 1729, il parut un troisième éloge de l’âne en langue Babylonienne. On concevra aisément que de ces trois éloges, j’en ai pu faire un : ce n’est pas un mystère.