Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce n’est pas non plus la qualité des personnes qui vous emploient, qui doit vous énorgueillir. L’âne a joui autrefois des mêmes avantages dont vous jouissez : il les partage encore et il ne s’en glorifie point. Tous ces accessoires sont étrangers au mérite personnel, et c’est lui seul qui doit nous juger. Vous êtes jeune, alerte, joli, on vous chérit, on vous fête. Tremblez, tremblez, la vieillesse va bientôt vous surprendre, et d’évêque vous deviendrez meûnier. C’est assez l’usage.

À tort vous objectez à l’âne[1], qu’il est dans certains pays un supplice infâme,

  1. Cordemoy est le premier qui a dit du bien de la reine Brunehaut. Les historiens modernes prétendent que les anciens n’en ont mal parlé, que parce qu’ils étaient moines, et qu’elle ne leur a point fait de bien. Mais c’est une plaisanterie ; et quoique Voltaire ait dit qu’elle avait à peu près 80 ans, lorsqu’on suppose qu’elle fut mise à mort, et qu’à cet âge une femme n’a point de cheveux ; d’où il conclut que ce fait est faux : malgré ces raisons, j’ai cru pouvoir suivre l’opinion commune, qui la fait traîner par un cheval, à la queue duquel elle était attachée ; sans m’embarrasser si c’était par les pieds, par les mains, ou par les cheveux.