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peine peut-on faire un pas, sans être éclaboussé par le carrosse d’un fermier général, la demi-fortune d’un artiste protégé, et le vis-à-vis d’une nymphe de l’opéra. L’honneur, le savoir, la probité, rampent dans la boue : l’ignorance, l’intrigue, l’infamie, sont au rang des Dieux.

Ne vous affligez donc point, ô baudets ! Si dans ce temps de malheur et de perversité, on vous abandonne, on vous néglige ; il vaut mieux être ignoré, que de devenir l’esclave et la victime des sots ou des méchants.

Nous lisons dans l’histoire, que l’âne était autrefois la plus noble monture des princes Orientaux, et des plus grands seigneurs de leur cour. C’était dans les animaux de cette espèce, que consistaient leurs plus grandes richesses. Job n’avait que cinq cents ânes avant que le diable et sa femme l’eussent tourmenté : il en eut mille dans ses jours de prospérité et de bonheur. Selon Joseph, on avait coutume chez les juifs, le jour des noces, de conduire la nouvelle épouse à la maison de son mari, montée sur un âne galamment